Président et dirigeant exécutif : la clé de voute de la gouvernance

Par Antoine de Roffignac

Pour toute entreprise, la relation entre le président du Conseil d’administration et le dirigeant exécutif est un élément déterminant de sa gouvernance.

Elle l’est plus encore dans les Coopératives et dans les Mutuelles où la recherche de la satisfaction des attentes des adhérents ou sociétaires, au coeur de leur modèle, se heurte souvent aux contraintes de gestion auxquelles l’exécutif doit faire face.Point de rencontre d’attentes et de contraintes parfois contradictoires, l’équipe formée par le président et le dirigeant en charge de l’opérationnel doit assurer l’équilibre d’un ensemble complexe. Ils sont la clé de voute de la gouvernance.

Pas de modèle reproductible …

Leurs rôles respectifs, leurs responsabilités et leurs interactions varient d’une organisation à l’autre. Il n’existe pas de modèle reproductible.

Le mode de fonctionnement de leur équipe dépend en effet de la nature des activités exercées par la Coopérative ou la Mutuelle, de la dimension de sa structure centrale, du niveau de technicité de sa gestion, de sa culture interne et de l’historique de sa gouvernance, du profil personnel et de l’expérience professionnelle des deux dirigeants.

Un mauvais fonctionnement de leur équipe produit toujours des effets dommageables : il perturbe la gestion opérationnelle et peut alimenter un sentiment de défiance entre les élus et la structure centrale. Il détourne les décideurs des vraies priorités et peut altérer l’image des instances dirigeantes tant aux yeux des adhérents ou sociétaires que vis-à-vis de l’extérieur.

A l’inverse, un fonctionnement harmonieux de l’équipe est un puissant levier de performance.

… mais des facteurs de succès bien identifiés

S’il n’existe pas de modèle type, l’expérience montre néanmoins qu’une clé de voute solide s’appuie sur trois piliers.

1 – D’abord, une définition claire des rôles et responsabilités de chacun. Doivent notamment être reconnues la primauté de l’élu, qui tire sa légitimité de sa désignation démocratique, et la responsabilité managériale du dirigeant, sans laquelle il ne peut assumer les résultats de sa gestion devant le Conseil d’administration.

La formalisation de leurs rôles et responsabilités, par exemple dans une « charte de gouvernance », est un exercice utile car il oblige à aller au fond de certaines questions pour bien y répondre. Elle doit être suffisamment précise pour servir de référence mais doit éviter un juridisme rigide qui bloquerait toute évolution du fonctionnement de l’équipe.

2 – Ensuite, une vision stratégique commune. Le président et le dirigeant doivent s’assurer qu’ils partagent la même analyse du marché, de ses évolutions prévisibles et de la place que la Coopérative ou la Mutuelle ambitionne d’y occuper.

Cette vision et cette ambition partagées les aideront – et au-delà d’eux aideront les autres acteurs de la gouvernance – à fixer des objectifs opérationnels priorisés, cohérents, constants dans le temps et intégrant à la fois les attentes des sociétaires et les contraintes de la gestion.

3 – Enfin, comme dans tout couple, une grande attention portée à la communication. Entre la président et le dirigeant exécutif, la communication doit être réciproque, pertinent et fluide.

Réciproque, car leur relation doit être équilibrée. Pertinente, car les informations partagées doivent être utiles à l’autre dans l’exercice de sa mission. Fluide, pour alimenter la réflexion de chacun et leur permettre des échanges itératifs sur les projets qu’ils porteront devant le Conseil d’administration.

La clarté des rôles et des responsabilités du président et du dirigeant en charge de l’opérationnel, une vision partagée, une communication ouverte nourriront entre eux la confiance, condition d’une relation équilibrée et durable. Dans la complémentarité, chacun pourra ainsi pleinement exercer sa mission tout en aidant l’autre à bien exercer la sienne car la force de l’un vient de la force de l’autre.

 

A propos d’Associés en Gouvernance

Associés en Gouvernance, société de conseil indépendante, accompagne tous les acteurs de la gouvernance des entreprises, quelles que soient leur taille et leur forme juridique. Associés en Gouvernance a acquis une longue expérience dans le secteur coopératif et mutualiste.

A propos d’Antoine de Roffignac

Associé-gérant d’Associés en Gouvernance, Antoine de Roffignac intervient régulièrement auprès de Coopératives et de Mutuelles pour les aider à renforcer l’efficacité de leur instances d’administration tant dans leur fonctionnement propre que dans leurs relations avec les dirigeants exécutifs. Antoine de Roffignac a été administrateur et directeur général d’un groupe coopératif, leader de son marché. Il était précédemment membre du comité de direction Finance Europe d’un grand groupe multinational.

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