Par Pascal Viénot
Pascal Viénot a accordé l’interview suivante à la revue Hommes & Commerce d’HEC sur les Femmes et la Gouvernance.
Interview de Pascal VIENOT (promotion 1970), Professeur affilié à HEC en charge des programmes de gouvernance, et Associé Fondateur du cabinet « Associés en Gouvernance ».
En quelques mots, quel est votre parcours ?
Mon parcours s’articule autour de 2 axes : tout d’abord la Finance au sein de fonds de Private Equity (IDI, Eurosynergies) ce qui m’a permis de connaitre les ETI, puis en tant que Directeur Financier de grandes structures (Compagnie du Midi, GAN). Enfin la Gouvernance, dès le développement de cette discipline en France. A ce titre, j’ai participé à la création du cabinet Associés en Gouvernance, j’ai été nommé Administrateur de plusieurs ETI et grandes entreprises familiales (dont le Groupe Bel) et je suis aujourd’hui membre du conseil scientifique du FBN (Family Business Network). En 2007, j’ai également publié un ouvrage sur le sujet : « La gouvernance des entreprises familiales » (Editions Eyrolles).
Quelle est votre analyse de la présence des femmes au sein de ce type d’entreprises ?
Les femmes sont aujourd’hui nombreuses dans ces structures : épouses/filles, elles sont très présentes au sein de la gouvernance familiale. A ce titre, leur rôle est souvent celui d’une animatrice qui permet d’assurer la cohésion des valeurs entre les membres de la famille. On les retrouve également de plus en plus souvent en tant qu’opérationnelles. Dans ce type d’environnement, elles ont souvent plus de facilité à dépasser le « plafond de verre », que ce soit dans des fonctions Corporate (Directeur Marketing, RH, …) ou bien en tant qu’expertes de savoir-faire spécifiques.
Une carrière dans cet univers est-elle différente de celle dans un grand groupe ?
Je dirais non, car aujourd’hui toutes les configurations sont possibles au sein des entreprises : experte au sein d’une filiale d’un grand groupe, en charge d’une fonction Corporate au siège de l’entreprise, ou dirigeante d’une TPE du Digital. Tout dépend de votre personnalité, de vos valeurs, de votre ego : avez-vous besoin d’être n°1 d’un groupe international ou plutôt d’être opérationnelle et de maîtriser l’intégralité des fonctions d’une entreprise ? Le point important est de bien se connaitre afin d’être épanouie dans une fonction et un type d’entreprise spécifique.
Quels sont les atouts/challenges d’une carrière dans ces entreprises vs un grand groupe ?
L’atout principal d’une ETI est sa dimension pérenne. Pérennité de l’actionnariat tout d’abord, mais également pérennité des équipes. L’objectif premier est de créer une collectivité qui chemine ensemble dans la durée. Les parcours sont alors très différents de ceux possibles dans les grands groupes, où l’individu « jumpe » littéralement d’une entreprise à une autre dans le but d’enrichir son parcours et ses compétences. En ce qui concerne les challenges au sein d’une ETI, je dirai qu’ils sont probablement plus cruciaux que ceux dans un grand groupe, car si l’ETI n’évolue pas (investissements financiers, création de nouveaux produits, conquête de nouveaux marchés…), elle meurt, tout simplement. Je dois toutefois souligner que les ETI ne permettent pas d’accéder aux systèmes de rémunérations tels que proposés par les grands groupes (stock-options,…) et cela peut constituer un frein quant à leur pouvoir d’attraction auprès des diplômées des grandes écoles.
Quels seraient vos conseils pour une carrière réussie au sein de ces structures ?
A nouveau, prenez le temps de bien vous connaitre, tant en ce qui concerne votre personnalité que vos valeurs. Sachez identifiez quel type d’entreprise vous convient le mieux. Le choix est large. N’hésitez pas prendre conseil auprès de ceux qui connaissent votre personnalité, et pas seulement vos compétences professionnelles.